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« L’homme révolté » à l’aube du troisième millénaire. par Jean-Marie Bioteau, auteur et réalisateur, Montréal, août 2012
En 1951, tandis qu’il conclue L’homme révolté, Camus y va de cette
constatation : « Ce qui retentit pour nous aux confins de cette
longue aventure révoltée, ce ne sont pas des formules d’optimisme, dont nous
n’avons que faire dans l’extrémité de notre malheur, mais des paroles de
courage et d’intelligence qui, près de la mer, sont même vertu »
Bien que la rhétorique humaniste ait toujours été perçue comme empreinte d’une
certaine naïveté, la démarche de Camus va au-delà en montrant un chemin
possible et la manière de l’emprunter. Camus suscite la réflexion quant à la
nécessité et au sens de la révolte. Par le truchement de son écriture, il nous
met en présence de nos lâchetés, de nos fragilités, comme de nos potentialités.
Ses propos révèlent la profondeur de notre condition et la révolte qui sommeille
en chacun de nous. Mais encore faut-il pouvoir se révolter. Comment faire
advenir les conditions particulières de la révolte quand on est dans le
dénuement, quand la souffrance est quotidienne? Comment envisager la révolte
lorsqu’on est en situation de richesse, de pouvoir et de suffisance? La tâche
est démesurée. Pour certains, elle se traduit de nos jours par des mouvements
de protestation et d’indignation. Mais la révolte n’est pas un simple mouvement
de résistance ou d’organisation politique. La révolte est imagination,
proposition, sacrifice et médiation. Elle requiert une attention de tous les
instants et une périlleuse intrusion dans le monde sociopolitique où elle doit
se garder de tout dogmatisme et récupération. C’est ce qui fait d’elle une perpétuelle
tension et c’est sans doute aussi ce qui rend sa naissance si difficile.
Malgré tout ce qui peut entraver son apparition, la révolte est indissociable de la
dignité humaine. C’est une véritable posture morale qui garde toute sa raison
d’être au début de ce troisième millénaire. Se révolter c’est être aux aguets à
chaque instant. C’est se tenir debout, penser et créer sans relâche. La révolte
naît de la volonté qu’à l’être de s’interroger sur lui-même et sur le monde.
C’est pourquoi, en paraphrasant dans un même souffle Descartes et Camus, la
juste affirmation de la révolte peut être formulée ainsi :
« Je pense, donc nous sommes. »
Jean-Marie Bioteau, auteur et réalisateur, Août 2012
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Par ailleurs: Angoisses péquistes par Michel C. Auger de Radio-Canada:
http://blogues.radio-canada.ca/auger/2012/08/03/angoisses-pequistes-ligne-de-depart/
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